3 Mai 2017
Problématique : Quelles ambitions mondiales de ces deux pays? Sont-elles comparables?
I- Deux etats continents, au niveau de développement différents
A°/ Deux pays continents devenus des "fermes du monde" – tableau repère p.232
1- Des immensités comparables, atout dans la mondialisation
USA: 9,5 M° de km²/Brésil: 8,5 km²
de vastes espaces en réserve: Alaska/Amazonie, de plus en plus convoités
Amazonie: exploitation de la forêt et fronts pionniers, mines, orpaillage illégal
Alaska: mines et hydrocarbures
2- De grands producteurs agricoles mondiaux
les 2 Etats disposent d'environ 3m° de km² de SAU (Surface Agricole Utile).
Une culture mécanisée et industrielle massive aux USA (Grandes plaines; feed lots) et en fort développement au Brésil (Mato Grosso), intégrés à l'économie du pays (agro-business).
Principaux producteurs de Soja (Brésil), Viande (Brésil), Blé
schéma Brésil p.247
B°/ Une métropolisation des deux pays, plus avancée aux Etats-Unis
1- Les métropoles états-uniennes sont les centres de commandements principaux :
- La Megalopolis, (grande conurbation du Nord-Est des États-Unis de Boston à Washington), premier centre de commandement mondial.
- 78% de la population des EU vit dans les 274 aires urbaines. Des taux d’urbanisation différents : opposition littoral / centre. Armature urbaine la plus puissante du monde : 24 villes dépassent 2m° d’habitants. 97 les 500000 habitants. Au début du 20e le quart nord est concentrait 82% de la population. Changements dans les 70’s. La Sun Belt est attractive par sa haute technologie dans les Technopôles.
- Les métropoles : 5 villes peuvent être qualifiées de métropoles mondiales aux EU : NY, Chicago, LA, Washington, Miami. (Métropolisation : mouvement de concentration de la population et des activités de commandement sans les métropoles. Phénomène qui participe à la mondialisation. La métropole commande un espace plus ou moins large.)
2- Au Brésil : des Métropoles émergentes, villes en cours de métropolisation:
Sao Paulo, Rio + formation progressive d’une mégalopole allant jusqu’à Buenos Aires.
Brasilia, capitale politique au centre du pays, moteur du dynamisme des régions intérieures.
C°/ Deux pays d’immigration
La croissance de la population des EU (324 m°) et du Brésil (207 m°) est alimentée par un solde migratoire fort. Ces sont deux pays historiquement d’immigration qui demeurent encore attractifs aujourd’hui.
1- Les EU sont le premier pôle d’immigration mondial.
- Attraction des élites (brain drain, rôle des universités prestigieuses et centres de recherche).
- Le rêve américain est en partie à l’origine de la mobilité des populations depuis le XVIIIème siècle : recherche du progrès, de la fortune, de la réussite. Image de la ruée vers l’or au XIXème qui a attiré des millions d’américains vers la Californie. Espoir de réussite dans la tête des américains et des populations immigrées. Les immigrants ont contribué à la formation de la puissance américaine, comme par exemple les coolies, travailleurs chinois des chemins de fer, au XIXème siècle.
2- Le Brésil reçoit des migrants à la recherche de travail, venant essentiellement du sous-continent latino-américain, dans une moindre mesure cependant
II- Des facteurs de puissances différents, marqués par la suprématie des USA et l'émergence du Brésil.
A°/ Deux puissances économiques et financières
1-Les EU dominent largement l’économie mondiale :
Ils sont à la tête de la première économie du globe : PIB 17946 Mds $ en 2016. Les EU disposent des plus puissantes bourses de valeur (NY) et de commerce (Chicago), ainsi que de la première monnaie de réserve du monde, mais ils sont très endettés (109% du PIB en 2014).
Suprématie du dollar, outil essentiel de la puissance des États-Unis. Le dollar conserve son statut de monnaie mondiale dominante.
Il demeure la monnaie de facturation internationale pour de nombreux produits: 85% des transactions sur le marché des changes en 2012.
Primauté du dollar dans les réserves des banques centrales : 62% fin 2011, contre 25% pour l’euro. La crise de 2008, malgré son origine américaine, a eu paradoxalement pour effet de renforcer la position du dollar, en renforçant l’attrait des placements en bons du Trésor américain, considérés comme une valeur refuge.
2-Le Brésil s’affirme comme puissance émergente :
Il est la 9ème puissance économique mondiale en 2016: PIB 1774 Mds $ (derrière l'Inde et l'Italie). Il connait une récession depuis 2014 (chute de 6% de son PIB)
Le Brésil est devenu créditeur au sein du FMI et son économie est marquée par une forte croissance jusqu'à récemment. => appartenance aux BRICS. Le développement du pays est soutenu par la montée en puissance des entreprises brésiliennes, dans plusieurs domaines :
- L’extraction minière (Vale), des secteurs de haute technologie comme l’aéronautique ou l’extraction de pétrole en eaux profondes (entreprises Embraer et Petrobras) , les industries de base comme la métallurgie . Ces activités sont plombées par la baisse des couts de matière 1e.
- la construction ;
- l’agroalimentaire.
Le Brésil cherche par ailleurs à intensifier ses relations avec les pays en développement
d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient. Ainsi le Brésil, sous Lula, a considérablement accru son aide publique au développement.
- En 2013: + de 57% de ses exportations et près de la moitié de ses importations. En 2009, la Chine est devenue le principal partenaire commercial du Brésil.
- Cependant le commerce brésilien dépend toujours des pays développés, qui constituent les principales sources d’investissement dans le pays, voir les relations privilégiées du Brésil avec l’UE (en +, frontières en commun et projets de développement, cf le pont sur le fleuve Oyapock, entre le Brésil et la Guyane française).
Cette croissance économique brésilienne a des retombées sociales, et inversement.
- Investissements massifs dans l’habitat social et dans les services publics.
- Le programme « faim zéro » pour lutter contre la malnutrition dans le pays.
- Programme de la Bolsa Familia : allocation attribuée aux ménages les plus pauvres, les familles concernées s’engageant à garantir la présence de leurs enfants dans les établissements scolaires et à se rendre dans des centres de santé pour y être soignées
=> Le niveau de pauvreté a connu une chute spectaculaire. Le nombre de familles vivant avec mois d’1 $ par jour a été réduit de moitié en 10 ans : elles représentent 25% de la population, contre 50% au début des années 2000. Cette politique sociale a un impact direct sur la consommation et donc sur la croissance. Il en résulte l’apparition d’une classe moyenne dont la consommation soutient la croissance – ce qui ne doit pas faire oublier que les favelas comptent toujours de nombreux habitants.
3- Ce sont deux pays d’investissement : Les EU restent le premier pays d’accueil et d’émission d’IDE. Le Brésil compte néanmoins de plus en plus : il investit de manière importante en Afrique ainsi qu’aux EU et son marché est en plein essor ; il attire les firmes transnationales du monde entier.
B°/ Deux puissances militaires et diplomatiques inégales
1- Les États-Unis sont la puissance militaire dominante.
1e armée du monde; premier budget militaire mondial (597 mds $ en 2015). Eux-seuls ont la capacité d’intervenir sur plusieurs fronts à la fois en dehors du territoire national. 1e flotte aéronavale mondiale, 1e réseau de bases militaires. Le budget militaire américain représente 47% des dépenses militaires mondiales. Après l’élection de G.W.Bush, les dépenses ont augmenté de 20% (hors rallonges budgétaires pour la guerre en Irak et Afghanistan). Elles décroissent sous le 2e mandant Obama.
leader au sein de l’OTAN, alliance militaire la plus puissante au monde.
Alliés à de nombreux pays par des traités bilatéraux ou multilatéraux : ex. traité de Rio (traité interaméricain d’assistance réciproque).
=> Il n’existe donc aucune puissance militaire équivalente. Aujourd’hui, on peut encore parler des Etats-Unis en tant que gendarmes du Monde.
2- L’armée brésilienne est bien plus modeste mais elle est tout de même l’une de celles qui participent le plus aux opérations de maintien de la paix de l’ONU (3 p.332 et 5 p.235) et son équipement est en cours d’amélioration. Budget militaire 2015 : 24 Mds $. Il a baissé de 12 mds depuis 2013.
2- Des diplomaties inégales, marquées par une affirmation constante du Brésil
USA: un rôle primordial (Global Player). L'un des 5 membres permanents du conseil de sécu, un des principaux contributeurs à l’ONU et
ses nombreuses agences. Même s’ils ont moins de poids au sein de l’OMC que du GATT, l’OMC permet le maintien du système économique libéral. FMI / Banque Mondiale : le président de la Banque mondiale est traditionnellement américain et le président du FMI un européen.
Le Brésil bénéficie d’une position internationale singulière : ses relations extérieures sont pacifiques et elles s’établissent avec de
nombreux acteurs. Le Brésil est membre du G20, et candidat à un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, considérant qu’il n’a pas dans l’ordre international la place qui lui revient en tant qu’acteur global. Il est le pays, avec le Japon, qui a le plus souvent été élu en tant que membre non permanent au conseil de sécurité. L’ex président Lula a multiplié les voyages diplomatiques et a été élu en 2010 par le magazine américain Time, l’homme le plus influent du monde. Aujourd’hui Dilma Roussef tente de suivre la même voie. Le Brésil est désormais invité dans tous les forums, réunions, sommets, notamment celui de Davos.
Sur le plan diplomatique, le Brésil a d’abord accordé une priorité à son environnement régional.
1990: signature du traité de Buenos Aires, par lequel Argentine et Brésil renoncent à l’arme nucléaire.
1991: traité créant le Mercosur, avec l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay.
Création de l’Unasur et de la CELAC. + chef de file du Mercosur
Une diplomatie brésilienne critiquée.
Avec les États-Unis et l’Union européenne, les relations du Brésil sont ambivalentes. Des accords bilatéraux témoignent de relations diplomatiques cordiales, mais des tensions sont apparues, pour des raisons commerciales et politiques. Le Brésil, au sein de l’OMC et au sein du groupe de Cairns (organisation internationale crée en 1986 à Cairns en Australie réunissant la plupart des pays en développement qui sont agro-exportateurs), milite pour une libéralisation des marchés agricoles plus importante que ne le souhaitent les Éats-Unis et l’UE. Les questions liées à la paix et à la sécurité internationales révèlent aussi des discordances entre le Brésil et ses partenaires. Ainsi le Brésil de Lula a estimé que l’Iran avait le droit d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, alors que les puissances du Nord ne lui font pas confiance sur ce point.
Néanmoins les cadres institutionnels maintiennent une certaine hiérarchie héritée de la 2ème guerre mondiale, où le Brésil peine à s’affirmer. Si les pays latino-américains reconnaissent sa puissance et son leadership en Amérique du Sud il ne veulent néanmoins pas être représentés par lui et ne votent guère en sa faveur pour des postes importants.
C°/ Des modèles culturels de diffusion mondiale et continentale
USA (doc.3 p.354): rayonnement culturel mondial outil du Soft Power tant dans la
culture de masse (industries de l'image et du son, Hollywood) que dans la "haute culture" (arts, littérature, sciences). Les USA disposent des moyens de diffusion du modèle, de la culture, à traver les réseaux, les networks, les FTN et la langue anglo-saxonne, langue internationale. Les films américains sont distribués dans 150 pays et les programmes télévisuels sur 125 pays.
Brésil (doc.p.352): une culture en progression, se développant notamment à travers la
diffusion régionale et mondiale des telenovelas, moins cheres que les séries américaines. + nation du football (coupe du monde 2014, 5 fois champion du monde, footballeurs clubs européens) + image du Brésil (Rio, plages, carnaval, fête). La langue lusophone peu employée dans le monde mais 6e en terme des langues parlées.
=> une émergence de l'influence culturelle en Amérique du Sud et dans le sud de l'Afrique, notamment avec l'émergence de l'Angola.