ETATS-UNIS/BRESIL: DYNAMIQUES TERRITORIALES

Introduction: Deux États aux proportions gigantesques, des États continents, disposant de ressources et de potentialités, avec des enjeux d'organisation + le contexte de la mondialisation.

=> quelles sont les dynamiques territoriales de ces deux pays? En quoi la maîtrise du territoire permet-elle ou limite-t-elle la puissance des ces États?

I- Une même logique d'organisation territoriale mais un territoire inégalement maitrisé

A°/ Un peuplement progressif par la façade atlantique cartes p . 236-237 :

1- Les USA, un territoire maitrisé

• Avec 9,3 m° de kms², les USA sont le 4e pays en terme de superficie (après la Russie, Chine, Canada).

• Un territoire rapidement occupé et maîtrisé, à partir de l'indépendance (1776) et des 1e migrations massives.

- D'abord essentiellement anglo-saxon jusqu'au XVIIIe s., le peuplement s'ouvre à d'autres nationalités ( Allemands, Italiens, juifs d'Europe centrale). Actuellement, les USA autorisent 500 000 à 800 000 entrées annuelles (+ 1 m° de clandestins), en provenance du monde entier, mais particulièrement d'Amérique Latine et caribéenne. => 40% de la croissance démographique est due à l'immigration.

- Occupation et maîtrise du territoire favorisées par une organisation précoce des réseaux de communication, indissociable de la puissance du pays, grâce à la modernisation et densification permanente depuis la Conquête de l'Ouest, avec une interconnexion toujours croissante.

→ XIXe s. : Conquête de l'Ouest et front pionnier Est-> Ouest.

→ Création d'un "pont" intercontinental modal permettant l'interconnexion des réseaux de transports maritimes et terrestres pour la circulation des conteneurs entre les façades atlantique et pacifique.

→ Interconnexion des lignes aériennes internationales et régionales dans de grands aéroports, les hubs, qui assurent le rayonnement de certaines métropoles américaines, comme Dallas et Denver.

2- Le Brésil, un pays neuf

Avec 201 m° d'hab en 2013, le Brésil est le 5e pays le plus peuplé au monde, mais caractérisé par des densités faibles, lié à son immensité (8,5 m° de km²) et ses contraintes naturelles (forêt équatoriale amazonienne). Comme les USA, le peuplement du pays débute par la façade atlantique (colonisation portugaise). Sa zone littorale est densément peuplée, au détriment de l'intérieur, et sa façade maritime joue un rôle déterminant dans l'organisation du pays.

• Un territoire déséquilibré, un centre enclavé.

- Intérieur mal contrôlé (intérieur), enclavé avec peu de routes.

- Rôle majeur des fronts pionniers dans le désenclavement de l'intérieur: mise en valeur des espaces vides du Mato Grosso, grignotage des périphéries de la forêt amazonienne.

• Des politiques volontaristes d'aménagement, sources de tensions et de débats

- Dans les années 1960, une politique d'aménagement ambitieuse: création de la capitale Brasilia, installation de paysans sans-terre en Amazonie, grands barrages hydroélectriques = une volonté politique de rééquilibrer le territoire et d'affirmer la souveraineté du Brésil sur l'Amazonie. Une politique difficile à mener sur le long terme.

- Atouts: réduction des déséquilibres territoriaux en intégrant le "Brésil du vide"; exploitation des ressources naturelles et stimulation de l'industrialisation.

- Débats autour des enjeux écologique: préservation de la richesse des écosystèmes face à l'exploitation des potentialités du territoire => fort clivage au sein de la société brésilienne. La multiplication des zones protégées limite les tentations d'exploitation prédatrices et favorisent la mise en place de modes d'exploitation plus conformes aux objectifs du DD.

B°/ Deux pays inégalement métropolisés

1- Les USA, fortement métropolisés

• L'analyse du peuplement américain fait apparaître une forte mobilité, et une répartition très inégale des 319 millions d’Étatsuniens (2013).

La population cependant est massivement urbaine (87%) :

- Les densités, globalement faibles (34 hab./km² en moyenne en 2013), présentent un fort gradient est‐ouest, lié au processus continu conduisant au déplacement vers l'ouest du centre de gravité de la population.

- Seules les régions du Nord‐Est, à proximité des Grands Lacs (de Chicago à Buffalo en passant par Detroit et Pittsburgh) et celles le long de la côte atlantique (de Boston à Washington via New York et Philadelphie) connaissent sur un périmètre étendu des densités comparables à celles de l'Europe, entre 200 et 400 hab./km²) ;

les autres grandes concentrations correspondent à des foyers métropolisés mais assez circonscrits, tels Los Angeles et San Francisco, Dallas et Houston, Atlanta ou Seattle, voire franchement isolés comme Denver ou Phoenix.

• Métropolisation et mondialisation (doc. 4-5 p.241)

Aux États‐Unis, pays de forte urbanisation, métropolisation et mondialisation vont de pair. New York, Los Angeles, San Francisco, Chicago, et la capitale fédérale, Washington, sont des métropoles majeures connectées au système‐monde. Au coeur des métropoles, les Central business districts (CBD), consacrés aux affaires (bourse, sièges sociaux, banques), et aux services supérieurs (marketing, cabinets juridiques, etc.). Les vieux quartiers résidentiels du downtown qui les entourent se sont souvent dégradés; certains ont fait l'objet d'opérations de rénovation réussies (=> gentrification). L’étalement urbain (urban sprawling) est lié au désir d'accéder à la propriété, à la révolution des transports et à la mobilité résidentielle typique de l'Amérique. Il a entraîné la formation de gigantesques banlieues pavillonnaires, les suburbs et de nouveaux centres d'activités (bureaux, commerces, parcs scientifiques...) à proximité de carrefours autoroutiers : les Edge cities, qui donnent à la ville un caractère polynucléaire.

2- Le Brésil, inégalement métropolisé

• Le boom démographique et les politiques d'industrialisation en lien avec l’intégration croissante du Brésil dans le système mondial

entraînent dès les années 1960 une explosion urbaine au Brésil. La population urbaine au Brésil, représente 82% de la population. Le modèle d'organisation des métropoles s'appuie sur le modèle étasunien, mais est le siège d'inégalités plus marquées.

• Cette croissance profite d’abord à Sao Paulo, Rio de Janeiro et Belo Horizonte, les trois premières villes du Brésil.

- Sao Paulo : métropole tertiaire. sa Bourse, les sièges sociaux de grandes firmes et de banques en font une ville mondiale. Vitrines de la puissance émergente, les métropoles brésiliennes sont aussi fortement marquées par les difficultés de gestion de l’espace urbain, par la violence et par de très fortes inégalités. Le contraste y est violent entre les quartiers aisés et les favelas, parfois très proches. Multiplication des propriétés fermées, sur le modèle nord-américain. => se reflètent donc les inégalités économiques et sociales qui caractérisent le pays : le Brésil détient l'un des records mondiaux en matière d'inégalités sociales. Cependant, entre 2003 et 2010, 30 millions de personnes sont sorties de l'extrême pauvreté.

II- Les dynamiques territoriales des Etats-Unis

A°/ Les dynamiques territoriales des USA

Les États‐Unis présentent un territoire maîtrisé, métropolisé, en constante recomposition sous l’influence de la mondialisation, dont les dynamiques se concentrent sur les interfaces terrestres (régions transfrontalières stimulées par l’ALENA) et océaniques (façades maritimes stimulées par l’intégration à la mondialisation). D’où une organisation tripartite du territoire.

1- Trois espaces marqués

• Le Nord‐Est

Le Nord‐Est, berceau de la nation, cœur de la puissance décisionnelle, financière et intellectuelle, reste le « centre » du pays : forte concentration de population, industrialisation ancienne, urbanisation et réseaux de communication denses, large ouverture maritime sur le Monde. On distingue :

- La Megalopolis, première concentration mondiale d'hommes, d'activités et de pouvoirs;

- La Manufacturing Belt ou Rust Belt autour des Grands Lacs, berceau industriel des États‐Unis, qui englobe la mégalopole de Main Street America, et qui demeure, avec 45% de l'emploi industriel national, la première région industrielle du pays. Le Nord‐Est, durement frappé par une crise de désindustrialisation, est en partie revitalisé par de nouvelles activités de haute technologie, et demeure un centre du Monde, où se prennent des décisions de portée planétaire.

• La Sun belt: 15 Etats depuis la Virgine jusqu'au Nord-Ouest Pacifique

La partie la plus dynamique et la plus attractive du territoire (un arc de 15 États, depuis la Virginie jusqu'au Nord‐Ouest Pacifique) porte le nom de Sun Belt . Quatre régions motrices s'y individualisent :

- La Floride, dont la prospérité repose sur le tourisme (35m°/an) et l'agribusiness, mais également la recherche,notamment spatiale, dans le sillage de l'implantation de la NASA

- le Texas, enrichi par le pétrole et ses relations avec le Mexique

- La Californie, État le plus peuplé (37 millions d’hab.) et le plus riche des États‐Unis (PIB = France), est ouverte sur les mondes latino‐américain et asiatique, et bénéficie de l’essor des hautes technologies en lien avec le complexe militaro industriel Silicon Valley. Une nouvelle mégalopole est en train de se former entre San Francisco et San Diego (appelée San‐San) et englobant Los Angeles et Riverside.

- La Pugetopolis, de Portland jusqu'à Vancouver, au Canada, bénéficie des dynamiques de l’interface terrestre avec le Canada et maritime avec le Pacifique, et abrite les principales usines Boeing et le siège mondial de Microsoft.

• L’intérieur et le « Vieux Sud »

Les vastes espaces de l'intérieur (Midwest, Grandes plaines), peu peuplés, fondent leur économie sur l'exploitation des ressources naturelles :

• les Grandes Plaines (grenier agricole des États‐Unis et du monde) ;

• les Rocheuses, parsemées d'îlots miniers, agricoles ou touristiques (stations de sports d’hiver, parcs naturels…) ; par commodité, on y rattachera l'Alaska (hydrocarbures, forêts).

• Le Centre Sud du pays évolue différemment. Cette région encore marquée par l’agriculture traditionnelle (coton, tabac, riz…) et par une forte pauvreté mute peu à peu vers de nouvelles activités, industrielles ou de services.

2- Des espaces bien intégrés et reliés

Malgré leurs inégalités en terme d'activités, de dynamisme, de peuplement, d'attractivité, tous ces espaces bénéficient d'une bonne intégration grace à des réseau de transport dense et efficace :

- Réseaux terrestres : Train, route, canaux (Grands Lacs / Mississipi, Grands Lacs / NY), aménagement du Mississipi et de ses affluents, ports efficaces.

- Aéroports : Atlanta n°1 mondial, Chicago n°6, Los Angeles n°8, Denver n°11 : ces villes ont investi dans des équipements ultra modernes pour attirer les compagnies dans leurs hubs.

- Parfaite connexion aux télécommunications.

=> Croquis p. 267 : Les dynamiques territoriales des États-Unis + Schéma p.238

B°/ Les dynamiques territoriales du Brésil

1- Trois espaces marqués

• Le Nordeste

C’est dans le Nordeste que furent installées dès le XVIème siècle les plantations de canne à sucre, et que se trouvait la première capitale du pays, Salvador de Bahia. Fortement marqué par l'héritage esclavagiste, le Nordeste est devenu la région la plus pauvre du pays. Il connaît de profondes transformations et dépend beaucoup du Centre, d'où il reçoit les investissements.

• Le Sudeste et le Sud

Ce sont les régions les plus dynamiques, les plus urbanisées et les plus peuplées du Brésil ; elles concentrent plus de la moitié de la population et produisent 80% du PIB industriel et 60% du PIB total. Leur agriculture est aussi très performante, avec les grandes cultures liées à l'exportation. Moteur du pays, en position hégémonique par rapport au reste du territoire, Sao Paulo est à la tête de la plus vaste région industrielle de toute l'Amérique latine, concentrant plus de 50% de la production nationale dans plusieurs branches industrielles allant des industries lourdes (sidérurgie, chimie lourde) aux industries mécaniques (construction automobile) et de haute technologie.

• Le Centre‐Ouest et l’Amazonie

- L’Ouest constitue le Brésil pionnier qui attire les hommes et les investissements. On observe au Brésil un « esprit pionnier » comparable à celui des États‐Unis (mythe dela « Frontière », mobilité, autodéfense) : des fronts pionniers organisent la déforestation le long des routes –

Une partie de ce mouvement est incontrôlée, dans un climat de violence. On peut considérer le bassin amazonien comme le dernier « Far West » de la planète.

- L’ouverture sur le Monde modifie l’utilisation de l’espace agricole : par exemple, depuis que, dans le cadre du MERCOSUR, l'Argentine fournit du blé et, avec le Chili, du vin, ces productions ont fortement reculé, remplacées par la canne à sucre ou le soja. Sur les hauts plateaux du Centre‐Ouest, la culture du soja transgénique complète l'élevage bovin extensif

- L'Amazonie, quant à elle, est un immense bassin hydrographique encore largement forestier malgré les défrichements massifs qui inquiètent l'opinion mondiale. Manaus a été dotée d'une importante zone franche pour les constructions mécaniques et les branches électroniques.

2- Un territoire à maîtriser et à relier

- Un réseau aérien sous-développé: Malgré la forte croissance, l’avion est encore peu utilisé car trop cher.

- Réseaux électriques, télécommunications et d’eaux en progrès, là aussi avec le gradient décroissant partant du Sud-Este.

- Réseaux terrestres insuffisants : maillage du territoire imparfait, gradient décroissant à partir du Sud-Este. Construction contestée de la Transamazonienne, 4323 km du Pérou à l’Atlantique, pour désenclaver l’Amazonie.

Croquis p.266 : les dynamiques territoriales du Brésil + schéma p.238

Conclusion

Ouverture: les progrès rapides du Brésil qui lui permettent maintenant de compter dans le monde grâce à la diversification de son économie. (compo ambitions mondiales)

A