3 Mai 2017
Introduction: Le Sahara est une région d’Afrique qui court sur plusieurs pays (il FAUT les connaître : d’Ouest en Est et du Nord au Sud : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, Sahara occidental, Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Soudan. et dont les caractéristiques sont un climat désertique (sec ; la chaleur ne pose pas de problème) et le très faible peuplement.
Or comme le reste de l’Afrique, le Sahara connaît un niveau de développement qui ne satisfait pas les besoins des populations. Pour autant il recèle de ressources naturelles abondantes qui pourraient être des atouts pour le développement. Il est également le théâtre de conflits (comme celui du Mali dans lequel est impliqué la France depuis 2013).
Problématique: Comment expliquer les difficultés d’assurer un développement aux territoires qui composent le Sahara alors qu’ils sont dotés de ressources abondantes ? Quels sont les freins au développement dans la région saharienne? |
I- Un espace de fortes contraintes mais disposant de ressources
A°/Quelles contraintes?
1- Climatiques : ( doc.1 p.276)
Le Grand Sahara = de la Mer Rouge (Soudan- Egypte) à l’Atlantique (Mauritanie), c’est-à-dire un
désert zonal, lié à la présence de hautes pressions tropicales. 8 m° de km2
Un désert est avant tout une dimension climatique, pluviométrique, végétale et humaine : lieu
inoccupé par l’homme ; régions de précipitations très faibles, inférieures à l’évaporation potentielle et sans écoulement superficiel permanent ; très fortes chaleur estivale et sans hiver notable ; du point de vue biogéographique, milieu abiotique c’est-à-dire avec formes végétales et animales adaptées et contractées (faibles densités des organismes vivants).
Sahel : c’est la bordure méridionale caractérisée par des précipitation un peu plus abondantes
mais inférieures aux besoins d’une agriculture non irriguée (entre 100 et 400 mm de pluie par an. Rodez = 700 mm de pluie par an environ) ces pluies sont concentrées sur une saison (1 à 4 mois) des pluies et variables suivant les années.
Végétation = steppe (buisson, rares arbres et graminées). => Traditionnellement le Sahel est un espace d’incertitudes liées à la variabilité des précipitations, à la cohabitation des populations pasteurs et agriculteurs. Mais dans cet espace la population s’accroît très fortement passant de 2 millions à 10 millions d’habitants entre 1966 et actuellement.
2- Géographique : un enclavement très importants de certaines régions du Sahara.
Distances sont très importantes (2 000 km du nord au sud, 6 000 km d’est en ouest) et comme l’occupation humaine est faible, les voies de communication sont rares enclavement.
Ex du Ténéré: 1 500 km du nord au sud et 1 200 km d’est en ouest. « Désert des déserts » qui nécessitait 60 jours de chameau pour être traversé et rares points d’eau.
Ex du Tibesti : forteresse inexpugnable des Toubous au sud de la Libye qui ont tjs résisté aux méharistes français comme aux troupes libyennes. Cette région cumule aridité, très faible peuplement et relief montagneux rendant la circulation difficile
3- Economique et sociale (3 p.277) : un développement qui ne satisfait pas les besoins de tous les habitants
→ Des IDH moyens pour les Etats du nord du Sahara et faible pour les États du Sahel. La part de la population pauvre y est très importante : au mali et au Tchad plus de la moitié de la population vit avec moins de 1,25 $ par jour. => Les enjeux de développement sont donc très importants dans la région.
=> Donc des contraintes fortes (aridité, chaleur, enclavement, retard de développement) qui ne favorisent pas une intégration à la mondialisation mais…
B°/ Des ressources abondantes et convoitées par les FTN et les Etats (5 p.277) :
Des ressources naturelles (uranium, pétrole, phosphates, ect) qui permettent aux acteurs qui contrôlent le territoire d’être des « rentiers». Seuls le Tchad et la Tunisie ne peuvent s’appuyer sur des ressources naturelles pour se développer.
1- Ruée vers l’uranium :
le Niger est aujourd’hui le 3ème pays producteur au monde derrière Kazakhstan et Canada ; le gisement d’Arlit dans le nord du Niger est ainsi exploité par AREVA .
Convoitises: Actuellement 440 réacteurs produisant de l’électricité nucléaire sont en fonctionnement dans le monde et 450 réacteurs sont en projet d’ici 2030 dont plus d’une centaine en Chine. La Chine est ainsi devenu le 2nd partenaire commercial du Niger qui à lui seul assure 50% des besoins en uranium de la France.
2- La ressource pétrolière
Pétrole : comme le gaz, son prix sur les marché mondiaux augmente : en 1998 baril à 10$, 140$ en 2008, aujourd’hui autour de 100$. Avec la raréfaction de cette ressource, à moyen terme, les prix devraient continuer à croître. C’est une ressource essentielle pour l’Algérie, la Libye et le Soudan.
Les ressources pétrolières
FTN: EXXON(hydrocarbures), AREVA (Uranium) mais aussi les entreprises nationales d’Afrique du nord comme la SONATRACH (Algérie) ou l’ETAP (Tunisie) sont les principaux acteurs.
La Chine un nouvel acteur puissant avec des entreprises comme CNPC, SINOPEC, CNOOC. La Chine consomme plus de 9m° de barils/an et n’en produit que 3m° d’où la nécessité de s’assurer un approvisionnement en finançant de vastes projets comme au Niger : une cinquantaine de puits, 1 raffinerie, 1 oléoduc. Infrastructures contre contrats d’exploitation.
Projet du Trans Saharien Gas Pipeline : lancé en 2001 ambitieux projet de tubes qui acheminerait les hydrocarbures du Nigéria vers l’Europe via le Niger et l’Algérie sur plus de 3 841 km ; jusqu’ici le coût élevé - + de 20 milliards de dollars – et l’instabilité de la région ont ajourné le projet.
3- Les eaux souterraines et de surface:
Un seul espace d'eau de surface: la vallée du Nil, fortement peuplée et aménagée. (barrages, irrigation, etc.)
Elles sont essentielles pour développer une agriculture localement et accroître l’indépendance alimentaire. Elles permettent également d’alimenter les villes qui sont en forte croissance et la demande des touristes. Une immense nappe fossile sous le Sahara en Algérie et Lybie (nappe du Fezzan)
des convoitises et des conflits d'usage naissent autour de la ressource, qui s'épuise et ne se renouvelle pas.
Une agriculture traditionnelle dans les oasis, qui par ailleurs servent d'étapes sur les routes transahariennes
Des pompages et transferts massifs vers les villes et les littoraux : Grande rivière souterraine en Lybie.
Tensions entre Etats sur les ressources frontalières : Algérie/Lybie sur la nappe du Fezzan.
=>La convoitise des FTN et des États du nord peut être source d’enrichissement pour les États du Sahel, s’ils réussissent à réinvestir leur « rente » dans le développement de leur économie, de leur système éducatif et de leurs infrastructures. Mais des richesses accaparées par des groupes au pouvoir (Algérie, Libye jusqu'en 2011), retombant très peu sur les populations.
Transition : le Sahara peut donc compter sur des ressources pour se développer et s’insérer dans la mondialisation. Or les pays qui le composent connaissent des problèmes politiques et géopolitiques ce qui les rends instables et gène considérablement les investissements pourtant nécessaires pour surmonter les contraintes naturelles fortes.
II- Un espace fractionné, parcouru par un nombre croissant de flux de populations.
A°/ Un découpage frontalier hérité de la colonisation et/ou décolonisation et qui ne correspond pas à la répartition des « peuples ». les Etats du Sahara ne sont pas des « Etats-nations »
Les frontières ont été tracées du temps de la colonisation ou bien au moment des décolonisations sans tenir compte du peuplement local. => Des peuples présents sur plusieurs Etats (cf. doc.6 p.278)
ex.: les Touaregs (du sud de l’Algérie au nord du Mali et du Niger) et les Toubous (Libye, nord du Niger et du Tchad). Ces peuples ont fait partie de la coalition qui a proclamé l’indépendance du nord du mali (avec le groupe terroriste Aqmi) et contre qui la France a lancé l’opération Serval en 2013
Des frontières sont très difficilement contrôlables et on (notamment dans le cadre de trafic illicites, de migration clandestines ou de terrorisme) peut très facilement les franchir. C’est dû à la très faible occupation et à la pauvreté des Etats notamment au Sud elles sont donc très mal gardées.
B°/ Un espace poreux, traversé par des flux croissants, notamment de populations.
Trafics illicites : (doc.15 p.281)
Drogue, armes, cigarettes. 15% de la drogue mondiale circule dans cet espace saharien. On voit la cocaïne sud-américaine transiter par le Sahara vers l’Europe ou le Moyen-Orient.
ex. : Les cigarettes de contrebande arrivent par ex au port de Cotonou ou de Lomé puis traversent le Niger et rejoignent la Libye pour ensuite alimenter les réseaux parallèles en Europe ou dans les Balkans. Ces flux sont contrôlés par des groupes mafieux nigérians, ghanéens mais aussi par des groupes du terrorisme islamiste.
Là encore, les trafiquants prennent le Sahara pour un territoire sans droit et contribuent à accroître l’instabilité qui empêche le développement.
Le Sahara est une plaque tournante pour les filières d’immigration illégales (doc.7 p.278)
Intenses mouvements migratoires entre les «2 rives » du Sahara (l’Afrique du nord et le Sahel) qui ont fait des oasis des villes-relais comme Tamanrasset. Ces mouvements correspondent soit à des flux traditionnels (on s’est toujours beaucoup déplacés à travers le Sahara en fonction d’opportunités économiques ou climatiques), soit à des flux plus récents liés à l’existence de filière de migration clandestine vers l’Europe. Les villes de Gao (Mali), Tamanrasset (Algérie) sont devenues des villes-passerelles, avec des quartiers informels, des passeurs.
L’Europe a mis en place un programme pour financer et aider les États de Mauritanie, Mali, Algérie et Niger à mieux surveiller leurs frontières et empêcher les flux migratoires. C’est le programme Frontex.
Là encore, cela encourage l’instabilité peu propice au développement.
Transition : Des Etats fragiles et un espace difficilement contrôlable expliquent que le Sahara soit une traversée par des flux illégaux. Cette fragilité est aussi à l'origine de conflits. Mais cela n’empêche pas et même au contraire d’être un espace très convoité par différent type d’acteurs.
III- Un espace soumis à de multiples tensions et conflits.
A°/ Des conflits internes liés au découpage frontalier des états sahariens
Des Etats peuplés de peuples différents et en rivalité dans le passé, depuis très longtemps :
Touaregs, Toubous, Peuls, peuples sur plusieurs états.
Opposition des nomades (éleveurs Maures, Touaregs ou Toubous arabes et musulmans) aux sédentaires, agriculteurs, à la peau noire, chrétiens ou animistes (par exemple au Mali, au Niger ou en Mauritanie).
Cette opposition est l’une des explications de la partition en 2011 du Soudan (création du Soudan du Sud, état indépendant)
B°/ Montée de l'islamisme (doc.8 p.278)
Le Sahara est une des bases territoriales du terrorisme islamiste. Il est donc convoité par les groupes du terrorisme islamistes et par les Etats du nord qui les combattent notamment les Etats-Unis. Après le 11 sept 2001, les USA s’intéressent de près à cette région du monde jusque là délaissée qui devient un nouveau front de guerre contre le terrorisme international.
2007: création d'AQMI (AL QAIDA AU MAGHREB ISLAMIQUE), ancien Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat, ancien FIS et GIA algérien. Quelques centaines de membres, mais ils sont très actifs et ont trouvé dans le Sahara un réservoir à otages (occidentaux) et un espace de mobilités qui échappent aux services de sécurité internationaux. AQMI s’adonne dans le Sahara à de lucratives activités criminelles comme prise d’otages-marchandises, trafics de drogue, contrebande de cigarettes.
ex. , 4 otages français employés d’AREVA enlevés à Arlit au Niger déplacés dans tout le Sahara depuis décembre 2010 (dernier libéré en 12/2014); la France est une cible qui symbolise l’Occident (rôle très important de ses entreprises comme AREVA mais également loi sur le voile et débat à l’assemblée sur la burqâ à la fin du mandat de N Sarkozy).
Zone Sahélienne: Nigeria/Tchad: développement de la secte islamiste Boko Haram ("l'éducation occidentale est impure"), qui s'est rallié à DAECH en mars 2015.
Le Sahara est ainsi devenu un élément clé de la stratégie US de « Global War on Terror ». (doc.10 p.279)
Cet enjeu stratégique et géopolitique attise l’instabilité de la région, rendant difficiles les programme de développement.
Conclusion :
Bien que la région du Sahara regorge de ressources naturelles, elle souffre d’instabilité politique chronique et ses Etats sont faibles. Ces deux éléments rendent difficiles des programmes de développement sur le long terme. De plus, les Etats ne sont pas les seuls acteurs de ces territoires qui sont convoités. On y trouve des acteurs illicites qui attisent l’instabilité et les conflits et des acteurs économiques et géopolitiques extérieurs (issus des pôles majeurs de l’espace mondialisé).
Le Sahara est représentatif de ce qui se passe dans l’ensemble de l’Afrique. La faiblesse des Etats y est très souvent le principal facteur explicatif des freins au développement.